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(Le 06/08/2015)
Cap’ ou pas cap’ ?
 
 
   Est-ce que je suis cap’ de finir cet article ce soir ? …est-ce que je suis cap’ de finir cet article un jour ?  …Cap’ de sauter du haut d’une falaise en parachute, cap’ de lever cent au développé couché ? …Combattre dans une cage ? Cap’. Laisser tomber ma famille ? Pas cap’. Toucher une boîte de conserve à vingt mètres avec un arc, cap’ ; tenir trente secondes à cheval, pas cap’. Rester toute une nuit à regarder la Lune, écrire un roman sur la religion, tatouer son prénom sur mon biceps, servir à plus de cent-cinquante à l’heure.. ?
 
   Ouais on a envie d’en faire, des choses, mais celui qui a dit que « quand on veut, on peut » n’a jamais eu à refuser un deal de coke en ayant grandi dans la misère, n’est jamais entré sur le central en finale de Roland Garros, et ne sait très certainement pas ce qu’il veut vraiment. Personne ne sait vraiment ce qu’il veut. Et personne ne sait précisément ce qu’il peut.
 

   Vivre de nuit pendant trois mois ? Cap’. Ne plus laisser personne ne manquer ? Pas cap’. Travailler à l’usine, cap’ ; revenir en arrière, pas cap’. …Echapper à la taule, gagner le Goncourt, acheter une église, être plus tolérant, savourer chaque seconde, avoir quarante-cinq de tour de bras.. ?
 
   On naît, on apprend à marcher, à courir pour s’enfuir ou pour rattraper ce qui nous échappe, on a un ou des diplôme, on se marie une ou plusieurs fois, on fonde une famille, on a un ou plusieurs boulot… Ou pas. On peut mourir à trente-deux ans une seringue dans le coude ou à quatre-vingt-sept dans un hospice de Lozère. On peut… On est cap’.
 

   Ne pas m’entrainer pendant deux semaines ? Pas cap’. Courir un marathon ? Non plus. Confectionner un scorpion de trente centimètres de long tout en modules de papier pliés, avoir ma licence de psycho, tout ça, cap’. …prendre un raciste dans mes bras, aller à la messe de mon plein gré, toucher à la tête avec un spinning back kick, descendre à dix pour cent de masse grasse.. ?
 
   Ca y est : cet article est terminé. Cap’. Oh, il n’est pas très long, pas très spirituel non plus. …l’écrire comme je voulais qu’il soit ? Bah, pas cap’. Parfois on veut, mais on peut pas. Et parfois on peut, oh oui, on peut. Mais on veut pas. …avoir le bac pour faire plaisir à ses parents alors qu’on veut être boulanger, sortir avec la capitaine des pom-pom girls lorsqu’on est gay, détourner le regard devant un branleur qui nous insulte même si on  est ceinture noire de jiu jitsu brésilien… ?                 ..Noter et commenter… Cap’ ou pas cap’ ?
 
                                                                                                                                       Serguian


 
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(Le 11/06/2015)
 
A vous qui lisez ceci…
 
 
   A toi qui lis ceci, je suis un jeune délinquant de quatorze, quinze ou seize ans. Je suis un jeune de banlieue, de « quartier difficile », comme tu dis, ou comme on t’a dit à la télé.
   J’ai grandi la moitié du temps dans la rue, là où comme tu sais on jette des machines à laver sur les flics depuis le cinquième étage des HLM, et l’autre moitié dans des salles de classe où on n’apprenait rien avec ton argent qui allait ailleurs, où on insultait les profs et qu’on désertait à la moindre occasion.
   Je suis né comme toi, avec deux bras, deux jambes et un cerveau. Je suis même pas arabe, même pas black ni slave. Je suis juste un gosse qui a cassé des voitures et incendié quelques locaux à poubelles. Je me suis battu aussi, c’est vrai. J’ai même tabassé un gars, une fois, pour une histoire de shit. C’était la connerie de trop, et maintenant ma mère sait pas ce qu’on va faire de moi.
   Le juge, il a dit qu’on a toujours le choix, et que j’ai pas d’excuse. Et c’est vrai, j’ai pas d’excuse. Moi, mon rêve, ça aurait été de devenir footballeur pro. C’est tout con à dire, mais mon idole, c’est Zizou.
  En tout cas une chose est sûre : si je plonge, okay, j’assume, mais je balancerai pas mes potes, ceux avec qui j’ai grandi. Dans mon quartier, on balance pas. On est solidaire. Et tant pis si je prends plus. Je suis pas un mec bien, tout le monde est d’accord.
 
 
   A toi qui lis ceci, je suis professeur d’Histoire au lycée Gustave F******, à Rouen. Je cite pas le nom en entier, rapport au fait qu’on pourrait reconnaître, tout ça…
   Je suis de droite, contrairement à la majeure partie des enseignants. D’ailleurs c’est bien connu, que les fonctionnaires sont majoritairement de gauche. Je suis catholique, aussi, et c’est mon droit, pardon pour les clichés.
   Je vois tous les jours des jeunes, j’en ai vu des centaines, depuis quinze ans que j’enseigne. Ce pays va mal, c’est une vérité. Je ne veux pas paraître réactionnaire en plus, ni rien, mais quand je vois ce qu’on passe à notre jeunesse, ce que devient notre société en général, je m’inquiète. Vraiment.
   On ne peut plus faire trois pas dans les rues de Rouen sans marcher sur un Sans Domicile Fixe. Ils pullulent. Il y a vingt ans, ça n’était pas le cas, je me souviens. Mon père m’a appris à respecter certaines valeurs. Celles du travail, notamment. On a ce qu’on mérite. Je vois tous ces gens donner à ces sans abris le fruit de leur honnête labeur, et je ne comprends pas. Ils en ont besoin, certes, mais moi je ne pourrais pas demander la charité. C’est dans les gènes, ou dans l’éducation, ou un peu des deux, mais je ne pourrais pas.
   Moi, j’essaie d’être droit dans la tempête. Au final, on est toujours récompensé, j’en suis convaincu. Avec mes élèves, je suis dur, mais juste. Oui, je donne plus d’heures de colle que mes collègues, mais de mon temps on prenait des coups de règle sur les doigts, et aujourd’hui on est des hommes respectables. J’ai défilé contre le mariage pour tous, je suis descendu dans la rue pour Charlie, parce que j’estimais que c’était mon devoir. Je suis un citoyen respectable, je n’ai jamais commis d’infraction, pas même un excès de vitesse je crois. On peut dire ce qu’on veut de moi, au moins, je suis sûr d’être quelqu’un de droit, quelqu’un de bien.
 
 
   A toi qui lis ceci, je suis un gladiateur. J’ai le combat dans le sang. Mais pas que.
   Ma mère m’a inscrit au karaté quand j’avais huit ans, parce qu’elle me trouvait agité, et parce qu’elle disait que comme ça j’arrêterais de la saouler avec mes promenades en forêt pour ramasser des insectes le samedi après-midi. Des papillons surtout. Petit, j’adorais les papillons. Je me rappelle que mon oncle m’avait offert un filet pour les attraper à un de mes anniversaires, et que je voulais à tout prix l’essayer…
   Aujourd’hui, j’ai un scorpion tatoué sur l’épaule gauche. Des tatouages, j’en ai des masses, mais celui-là c’est mon tout premier. Je l’ai fait faire en sortant de prison, la première fois, j’avais vingt-deux ans, quand je m’étais fait arrêter pour revente de stupéfiants. J’avais pas de famille pour me soutenir, pas de projets, j’ai plongé.. je me cherche pas de circonstances atténuantes, je sais bien que c’est entièrement ma faute. Surtout que si j’ai refait de la taule, par la suite, c’est bien que je suis pas un ange à la base, hein ? Toujours est-il que, bon, le scorpion n’est pas un insecte, en tout cas, pour revenir à ce que je disais. Ca je le sais.
   Je me suis fait virer du karaté, et interdire d’arts martiaux à vie après ma dixième bagarre, je crois. La première qui s’est très mal finie. J’avais seize ans. C’est à peu près à cette époque que j’ai commencé à me bastonner dans certains quartiers de chez moi. On faisait des paris, des fois je gagnais, des fois je perdais… Je sais pas si c’est depuis ce temps-là ou quoi, mais j’ai toujours la haine.
   Putain mec, j’te jure, c’est vrai, j’ai toujours besoin de me fighter. J’ai fait plusieurs « combats clandestins », ça s’appelle, un peu partout, surtout dans le Nord. J’suis même devenu un peu connu, par endroits. Aujourd’hui j’ai trente-sept ans, et je continue. Même si maintenant c’est plus des bastons de rue… y a plus trop de règles, plus trop d’arbitres… Je me fais vieux.
   La prison, j’y suis allé trois fois en tout. La première fois, j’en suis ressorti encore plus véner, celle d’après calmé pour quelques mois, j’ai même cherché du boulot… Et la troisième, un peu blasé.
   J’ai plus trop envie de rien. Juste, j’ai deux chiens, que je kiffe plus que tout. J’essaie de bien m’en occuper. Je m’entraîne plus comme avant, mais je suis quand même doué, alors quand je gagne, je les emmène chez le véto, je les fais toiletter… Je prends plus trop de coke, sauf des fois, pour tenir la forme encore un peu. J’ai pas arrêté en cure, tout ça c’est des conneries. J’avais plus de thunes, voilà tout. Ce qui me fait peur, si je replonge ou si je me fais sévèrement niquer par un mec un jour, c’est de savoir qui va s’occuper de mes chiens. Moi, bon, on peut plus rien pour moi ; j’suis pas un mec bien… mais eux, ils ont rien demandé à personne.
 
 
   A toi qui lis ceci, je cherche du boulot, si tu connais quelqu’un… Ca va faire cinq ans que je suis au chômage, maintenant. J’ai fait quelques petits jobs, par-ci, par-là , on a même proposé de m’embaucher, une ou deux fois, mais nan, pour l’instant, je sais pas trop… Y en a tellement qui profitent du système.
   Je suis marié, j’ai deux gosses. Ma femme bosse à mi-temps à Carrefour, et avec les allocs, on s’en sort. J’ai même pu aller voir l’OM au Parc en septembre. Je suis fan de l’OM. J’ai le maillot dédicacé de Valbuena chez moi, dans une vitrine… même ma femme a pas le droit d’y toucher pour faire le ménage !
   J’ai une chienne, aussi, Cléa, c’est un labrador, et un chat, Joao, qu’on a trouvé et qu’on a recueilli avec Jess, ma femme (elle s’appelle Jessica, en réalité). J’adore les animaux. D’ailleurs, je suis végétarien. Je ne SUPPORTE PAS qu’on fasse du mal aux animaux. Ceux qui tuent les animaux, c’est comme pour les pédophiles : tout ce qu’ils méritent c’est une balle dans la tête. Je partage sur Facebook toutes les publications qui parlent de ça. Les violeurs, les pédophiles, tous les arabes dans les cités qui crament des bus de CRS… Moi je vote FN, j’ai pas honte de le dire. Je suis pas raciste ni rien, mais j’aime mon pays, c’est normal, et il faut se protéger contre l’expansion de l’Islam. Les femmes voilées tout ça… en plus ils égorgent des moutons pour leurs fêtes… Désolé de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, mais ici on est en France, on est des gens bien.
 
 
 
   A toi qui lis ceci, je suis l’auteur de cet article. Libre à toi de te reconnaître dans l’une ou l’autre de ces personnes, comme moi je le fais. Mais toutes les quatre, elles existent. Ce ne sont même pas des caricatures.
   A toi qui lis ceci, je te laisse avec tes préjugés et tes jugements sur les gens que tu croises dans la rue ou que tu vois sur France 2, je te laisse dire qui est quelqu’un de bien et qui ne l’est pas, je te laisse croire que tes idées sont meilleures que celles de ton voisin.
   A toi qui lis ceci, merci pour ton temps, pour ta patience, et pour ton ouverture d’esprit. Merci à toi, jeune de banlieue, merci à toi, femme au foyer alter-mondialiste, à toi, chômeur de longue durée, à toi, fan de l’OM ou à toi, prof retraité.
   A toi qui lis ceci, je suis l’auteur de cet article, et peu importe qui je suis, ce que je pense et ce que je vaux, ce soir je ne cherche pas à te convaincre, ou à militer pour quoi que ce soit. Ce soir j’écris, parce que c’est ce que je suis destiné à faire.

   A vous qui lisez ceci, je suis l’auteur de cet article. Et non, je ne suis pas mort.
 
                                                                                                                                            Serguian
 
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(Le 11/03/2015)
 
« Le concept de l’amour éternel a été inventé quand l’espérance de vie était de trente-cinq ans »
                                              Le cœur des hommes 2

 


   Elle est partie, mon pote. Du jour au lendemain, et sans trop d’explications. Parce qu’elle était lasse de tout, lasse de tout ça, de vos projets, de vos souvenirs, de votre avenir, lasse de la routine qui jour après jour annonce qu’elle reviendra le lendemain, parce qu’elle ne pouvait plus supporter tes prises de positions politiques et humanistes, parce qu’elle était fatiguée d’être à deux seule contre tous, parce que tu n’allais pas assez bien pour partager le bonheur, ou juste parce que ses sentiments, un beau matin, s’en étaient allés pour de bon, et par lâcheté autant que par courage. Je ne sais pas. Elle est partie, c’est tout.
   Elle est partie, mon frère. Elle te l’a dit au téléphone, cette fois ça n’est pas une blague, tu comprends que c’est pour de bon mais pas comment tu vas pouvoir faire sans elle, à présent que la vérité s’est imposée à toi dans toute son horreur : ton « ange gardien », ta « raison de vivre », comme tu l'as appelée dès la première semaine, a disparu pour de bon, s’est envolée, et tu te retrouves seul avec l’absence qu’elle a laissée, plus forte encore que ne l'était sa présence. Elle est partie, peut-être pour ne plus être là, pour ne plus être le centre de ton Univers, et elle ne reviendra pas.
   Je n’ai jamais cru en l Amour avec un grand A ; en l’Amour qui dure. Je n’ai jamais cru en l’Amour tout court. L’Amour, ce n’est qu’une libération massive et éphémère d’adrénaline, de dopamine et d’ocytocine dans ton cerveau qu’on appelle « passion », ce n’est que de la phényléthylamine. Après, c’est le nom qu’on donne à l’Habitude. L’Amour c’est chimique, l’Amour, le grand, le vrai, c’est romanesque. Illusoire. L’Amour, c’est un rêve. …Et pourtant j’ai vu l’Amour te porter, te donner des objectifs nouveaux et peut-être encore plus de courage que tu n’en avais déjà. Il t’a changé, t’a remodelé, s’est substitué à tes jambes, et lorsqu’elle l’a balayé d’un revers de la main, il y a quelques jours, tu t’es écroulé, persuadé de ne plus jamais être en mesure de te lever.
   Mais l’Amour t’a aussi fait du mal, mon pote. Il t’a anéanti en détruisant ta confiance en toi et en instillant la culpabilité sous ton crâne, il a réduit en cendres la force qu’il t’avait insufflée, et t’a retenu en laisse quand ton cerveau tendait à me suivre. Et si cet Amour, avec un grand A, n’existe pas, alors c’est elle qui est responsable de tout ça. Tu l’aimais, mais elle t’a fait du mal, tu l’aimais comme je sais qu’on peut aimer la cocaïne, comme on aime une chaîne à notre pied qu’on croit être une béquille. Et si aucune molécule chimique ne peut lui trouver d’excuses, à ton « ange gardien », eh bien alors : elle est partie pour de bon, et tant mieux. Elle était la bouée à laquelle tu te raccrochais, perdu en pleine mer alors que l’eau était pourtant calme. Et tu avais cette impression insidieuse, lancinante et tenace que la lâcher serait la pire erreur que tu pourrais faire. Mais le jeune homme que j’ai connu, lui, savait nager même au beau milieu de la tempête. Et il est temps de t’en souvenir.
   Elle est partie, elle n’est pas morte, et toi non plus d’ailleurs. Les sionistes bombardent toujours la Palestine, bro, et on voit toujours des gendarmes adeptes de la matraque arpenter nos rues en traquant les méchants musulmans. Il y a toujours autant de couleuvres à collier et de vipères aspics tapies quelque part où toi seul saura les trouver. La vie ne s’arrête pas avec la production de sa phényléthylamine à elle. La vie ce n’était pas seulement elle. Elle est partie et c’est soudain, injuste, absurde ; il y a deux mois encore quand je menaçais de la pendre à un arbre à la seconde où elle ne serait plus à tes côtés elle me rétorquait que ça n’arriverait jamais, et puis pschiiit, comme ça, la vie qui suit implacablement son cours en a décidé autrement. Je n’ai jamais aimé cette fille. Je n’étais pas le seul ; elle est partie, mais nous nous sommes là. « Une gonzesse de perdue, c’est dix copains qui r’viennent », chantait le poète. Vois le nombre de messages de soutien que tu reçois sur Facebook alors qu’une simple fille, au fond, a quitté un simple gars comme cela arrive simplement tous les jours et partout sur cette Terre. Vois le nombre de gens qui n’ont pas besoin de phényléthylamine pour t’aimer, vois comme en perdant une bouée tu en as gagné des dizaines pour te porter jusqu’à la rive d’où bientôt je veux te voir replonger. Lis cet article que je t’écris, alors que crois-moi, mon pote, j’ai autre chose à foutre. ^^
   Elle est partie, tu me l’as dit au téléphone, des sanglots plein la voix. …Et alors ? Elle ne sait pas ce qu’elle perd. Continue à poursuivre tes rêves, ceux qu’elle n’avait pas fabriqués pour toi, et tu verras que sans chaîne aux pieds tu les rattraperas bien plus vite. Et puis un jour, oh, pas tout de suite, je sais bien, il y aura une autre fille, autre part, et la phényléthylamine repointera le bout de son nez. Parce que tu as vingt ans. Parce que la vie a ceci d’incroyable : elle continue. Toujours.

                                                                                                                      Serguian.
 
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(Le 19/02/2015)

Une époque sans elle

 

       Elle était là, tapie dans l'ombre, tandis que tous scandaient son nom. C'était la grande perdante de la soirée. « Liberté, Liberté ! » psalmodiait la foule.

   Un nabot monte les marches de la domination, l’idiot applaudit.

 

   Laissez-moi vous parler de cette grande perdante du vingt-et-unième siècle : la Liberté.

Ne voyez-vous pas venir à l’horizon de notre époque ces féroces légions ? Ces règles, ces lois, ces normes, ces interdits surgissant des erreurs commises par nos mères, nos pères ?

   Regarder l'Histoire : elle est le cumul d'entreprises, d'aventures, soit gagnantes et plébiscitées, soit perdantes et donc prohibées à jamais. Voilà que s'accumule ainsi, années après années, siècles après siècles, des barrières supplémentaires, des législations, des morales, empêchant les jeunes générations de prendre des chemins que les anciens ont jugées sans issue.

   J'ai l'impression, du haut de mes vingt-et-un ans, qu’il n’existe pas de chemin qu’aucun pied n’aurait encore foulé.

   Des rapports protégés, des propos mesurés, des idées tempérées, des expériences quantifiées, des mœurs tolérantes, des actes réfléchis. Les murs de cette prison que peut être l’immensité du monde ont tendance à se rapprocher de nous ; prenez garde.

   Voyez ce qui semblerait être une nouvelle dimension de liberté : Internet.

   C'est génial, Internet ! C'est ce que beaucoup disent… On peut tout faire avec ! Cela s'entend souvent.  C'est surtout un défouloir ; les pires chosent s'y trouvent. C'est un média qui enferme : ce qui se pense sur Internet reste sur Internet. Un parfait outil pour dictateurs novices.  « Laissez donc ces idiots parler et parler ; qu'ils meurent de vieillesse ! Jamais ils ne passeront à la pratique. ». Les révolutions idéologiques ne dépassent jamais la frénésie des tapotements sur un clavier. Comme sur ce site.

   Ne voyez-vous pas à chaque fois cette portion de liberté qu'on vous ôte, et que, pire que docilement, vous cédez ?

   Une vie plus sécuritaire, sans risques, sans inconnues, sans les inconnus, c'est l'avenir qu'on dessine. Il sera terne.

   Il est certain qu'une vie longue nous attend, mais pour quel coût ? Une question me taraude : sera-telle remplie, cette vie ?

   Les légions œuvrent à forger des chaînes indestructibles. Des chaînes sur l'esprit.

   Les commerciaux apposent petit à petit un prix sur chaque chose de l'Univers. Il est à parier qu'un astronaute, explorant les fins fonds de l'Espace, arrivant sur une planète vierge de tout contact humain, trouvera là planté un panneau « à vendre ».

   Les psychiatres et psychologues expliquent chaque portion de votre être ; vous voilà prévisibles comme un automate, appliquant ses fonctions.

   Les scientifiques définissent ce qui est possible, ce qui ne l'est pas ; pas de pitié pour le Rêve à l’agonie.

   Les publicistes, ces parasites, plombent l'homme de besoins, toujours plus inutiles, toujours plus frustrants. Leur métier ? Non pas créer un bien pour offrir une perspective nouvelle à ses contemporains, non pas initier une liberté, mais imposer un gadget qui asservit. Combien de minutes allez-vous perdre à brancher chaque soir votre fatras électronique ? Combien de jours dans votre jeunesse ? Combien de semaines dans votre vie ?

   Je le crains, l'avenir n'aura pas une chose gratuite, ni la mer, ni le ciel, pas d'hommes imprévisibles ni indépendants, pas de femmes laides, pas des choses inattendues.

   Et nous mourrons, plus machines qu'humains, dans des bulles faites de plastique. Devenus des sculptures séculaires, ne pouvant plus palper le monde, ignorant les autres car depuis longtemps dépourvus de nos cinq sens. Ressentant toujours par le bais d'un capteur et jamais, non jamais à humer la vie dans le monde in situ. Nous sommes échoués sur les rives d'un fleuve, celui que forme l'existence. Devenus végétatifs, des arbres s'abreuvant de la vie des autres. Faisant l'expérience par les compte-rendus d'aventuriers. Nous sommes gavés de livres, de films et de mille choses qui ne tuent pas. En tout cas pas violemment.

   Progressivement, on étouffe sa flamme intérieure pour garder ce teint cireux qu’ont les bougies.

   J'aimerais plutôt brûler en une seconde. Rayonner l'espace d'un instant unique, exploser, et d'un cri rester éternel par son écho dans l'infini. Que tous sachent que j'ai été. Qu'ils reçoivent dans ce flash de lumière ce que je fus, ce que j'ai assez vécu pour le transmettre. Respirer sans concessions, c'est ça être libre.

 

                                                                                                               Mark Walls

 
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(Le 25/01/2015)
 
A Marielle Tascone. ...En quoi est-ce que tu veux croire ? N'oublie pas de surveiller l'horizon.

 
Dieu n’existe pas

 
   Ce soir je dois composer sans musique, sans dessinateur, et avec précipitation. Sans musique parce que je tente depuis quelques semaines de m’accoutumer sans artifice aucun à la cacophonie de mes voisins du dessus pour éviter d’avoir recours à la violence, sans dessinateur parce que ce dernier, une fois n’est pas coutume, se repose après d’harassants examens (le « une fois n’est pas coutume » porte ici bien sûr sur les harassants examens, et pas sur le repos…), et avec précipitation parce que je dois encore manger, faire du sport et tenter de dormir quelques heures avant le visionnage des combats nocturnes de l’UFC. …En plus de cela ce n’est même pas moi qui devais écrire cet article, à la base, vu que… Mais je m’écarte du sujet. Oui, bon, donc : Dieu n’existe pas.
 

 
   "Ce qui est affirmé sans preuve, peut être nié sans preuve."
                                                                           Euclide, environ 325-265 avant J.C.
   Les citations, n’importe quel prof de français ou assimilé vous le dira, ou l’écrira à l’encre rouge, dans la marge de la copie-double que vous aviez taxée dix secondes avant le début du devoir à un l’intello de la classe, pour que vous, à défaut, l’assimiliez ; les citations, écrivais-je, ça crédibilise toujours un max. Surtout quand l’auteur, le journaliste, le personnage historique ou, pour les plus audacieux, le chanteur cité, est célèbre et reconnu par ses pairs (ou ses pairEs, mais j’y reviendrai). Surtout lorsque l’auteur, le journaliste, le personnage historique ou le chanteur en question est mort. SURTOUT s’il est mort depuis longtemps. Ça s’appelle un argument d’autorité. Et chez tous les profs de français ou assimilés, ça vaut un max de points.
   Ainsi si j’écris qu’à tous les chrétiens, musulmans, juifs, animistes, hindouistes ou je ne sais quoi d’autre qui se récriront le classique « tu ne peux pas prouver la non existence de Dieu nananère » je réponds qu’on ne base pas sa foi, sa vision des choses, sa manière de vivre, une guerre, voire même des gouvernements et l’existence de millions de gens sur l’impossibilité de démontrer de manière catégorique et définitive qu’une chose n’existe pas, le prof de français, ou assimilé, ne met pas forcément tous les points.
   Si j’écris qu’à défaut de ne pouvoir mathématiquement définir la non existence d’un Dieu de justice et de miséricorde, je puis la supposer bien plus objectivement que sa présence à la simple évocation de la famine et de la misère dans le tiers-monde, des conflits armés, de la prostitution infantile ou encore des catastrophes naturelles, le prof de français, ou tout comme, ne met pas encore tous les points.
   Enfin si j’écris que si un Dieu, avec un D majuscule, existe, alors pourquoi pas un autre, et alors pourquoi aujourd’hui chrétiens, musulmans, juifs, animistes, hindouistes ou je ne sais quoi d’autre seraient davantage sur la bonne voie que jadis grecs ou égyptiens ? …Là, le prof de français, légitime ou non, reconnaîtra sûrement l’argument de logique qu’il apprécie tant. Et j’aurai une petite chance de les avoir tous, mes points. Surtout si je lâche avec habileté une malicieuse référence historique en demandant rhétoriquement au lecteur si lors du départ des troupes françaises d’Algérie, la transition vers l’Islam a été difficile pour tous les petits maghrébins qui devaient songer à la pléiade de divinités de leurs ancêtres gaulois… Là ça me paraît pas mal. M’enfin pour être sûr, sûr et archi certain de plaire à celui qui, de fait, tient le stylo rouge, je vais quand même rajouter une petite citation :
"Supprimez le conditionnel et vous aurez détruit Dieu."
                                                                         Boris Vian, 1920-1959, auteur ET chanteur…
…Voilà ; l’argument d’autorité, ça rapporte toujours un max…

 
 
      "Quand Dieu se tait, on peut lui faire dire ce que l'on veut."
                                                                                        Jean-Paul Sartre, 1905-1980.
   …Parce qu’admettons. Admettons qu’un Dieu, avec un D majuscule, soit ou fut quelque part en cet Univers, avec un U majuscule, créant et administrant toute chose, régissant nos actes et façonnant notre destin. Toujours est-il que jusqu’à preuve du contraire, ce Dieu-là, on ne l’a pas vu, on ne l’a pas entendu non plus, du moins pas à la télévision sur France 2 ou à la radio sur Europe 1. Et ça n’est certainement pas dans ses rêves que monsieur Ben Laden a vu le prophète Mahomet lui dicter la guerre sainte en Israël, quoi qu’il ait pu en dire. Et ça n’est certainement pas dans le marc de café que les dirigeants du Yémen ont compris qu’une femme pouvait être mariée et divorcée avant l’âge de onze ans (je vous avais prédit qu’on y reviendrait). « Oui mais », se récriront certains chrétiens, juifs, animistes, hindouistes ou je ne sais quoi d’autre qui n’est pas musulman, « ça c’est normal : c’est les arabes ».
   Nous y voilà. C’est à cela que toutes ces belles lignes, érigées telles des murailles face à l’islamophobie à grands renforts de parpaings en arguments logiques et de ciment en citations d’autorités, devaient nous conduire. Les méchants terroristes musulmans. Les arabes, ce fléau insidieux qui menace nos enfants jusque dans leurs écoles et notre liberté d’expression jusque dans nos torchons provocateurs et vulgaires que plus personne n’achetait depuis longtemps avant ce que l’on sait. Cette vipère rampante qui par sa seule présence justifie le déchaînement de ces barbares du contrôle et de ces traqueurs à mélanine armés jusqu’aux dents qui sévissent partout dans nos gares et sur nos ronds-points, au nom de la sacro-sainte sécurité.
   A ceux qui liraient ceci et pour lesquels ça ne serait pas encore vraiment bien bien clair, je me fais un immense plaisir de rappeler, Petit Larousse 2005 à l’appui, qu’ « arabe » et « musulman » ne sont pas des synonymes. Je me fais une incommensurable joie de leur remettre à l’esprit qu’ « arabe » désigne une origine géographique, et « musulman » l’appartenance à une religion. Et je me lèche les babines de taper haut et fort sur mon clavier que cela n’a RIEN A VOIR DU TOUT. Et afin de sortir une bonne fois pour toutes du brouillard les plus englués dans leurs préjugés apeurés, je me permets de souligner que sur 1.3 milliards de musulmans présents sur cette planète, seuls vingt à vingt-cinq pour cent sont arabes. Eh oui, il existe des musulmans asiatiques, américains… Européens… Français ! Tenez-vous bien, il existe même des musulmans-européens-français ET arabes ! De même qu’il existe des juifs arabes, des hindouistes français ET chinois, des juifs-bouddhistes arabes et chinois… Ça va ? …Je n’ai perdu personne ?
   Toujours est-il que je ne suis pas en train d’écrire que les actes terroristes islamistes sont une bénédiction, ni même qu’ils sont à négliger, loin de là. Je suis en train d’écrire que ces actes sont ISLAMISTES, et en aucun cas musulmans. Et en aucun cas ARABES. Et si vous persistez, parce que les préjugés apeurés ont la vie tellement dure, à penser que tout de même, cette religion-là est fort inquiétante au demeurant, je vais me faire un dernier très grand plaisir en incitant ceux pour qui la totale clarté tarderait encore à faire son apparition à ne pas oublier, livre d’histoire à l’appui, les croisades de l’église chrétienne vers Jérusalem, ou encore l’Inquisition et le nombre de morts atroces colossal qui en résulta, barbaries dans lesquelles aucun chrétien actuel ne peut se reconnaître, pas plus que les musulmans actuels dans les actes des islamistes, et à se dire que les méchants arabes, en raison des odieux crimes desquels nous paralysons des villes entières dans des manifestations bouleversantes pendant que des millions d’enfants meurent de maladies évitables chaque année dans notre indifférence la plus totale, eh bien ils sont encore loin du compte… "L'existence des chrétiens prouve la non-existence de Dieu."
                                                 Louis Scutenaire, 1905-1987.
 
 
   « Une seule maxime peut expliquer la rigidité et l'intolérance des dogmes religieux : "Le premier jour, l'homme créa Dieu à son image". »
                                                            José Saint-Louis.
   Il est une chose qu’il est pour terminer à noter, et qui ne peut selon moi être totalement et radicalement niée sans la plus extrême des mauvaises fois : Dieu, qu’il existe ou pas, est tout de même bien commode.
   En effet Dieu, avec un D majuscule et quel que soit son nom, père de toute chose, maître de tout homme et grand décisionnaire absolu, a bon dos. Dieu permet l’Eglise. Et Dieu permet à cette Eglise, quel que soit son nom, d’affirmer et de commander à l’ensemble de ses fidèles en son nom tout puissant, et de se faire obéir sous peine de parjure à ce nom. Dieu est comme un royaume dont les sujets sont soumis, de fait et de plein droit, à son roi. Dieu permet au Pape d’être souverain, de pouvoir se prononcer contre le mariage pour tous et de clamer en Afrique que la contraception est un mal, propageant avec foi le sida plutôt que le blasphème. Dieu, quel que soit son nom, permet au Vatican de faire dix millions d’excédent budgétaire par an (ce qui n’est pas rien au vu des frais engagés), et aux frères musulmans de reconquérir avec ferveur la liberté que les habitants de certains états ont mis près d’un an à s’approprier.
   Dieu, quel que soit son nom, permet de justifier les pires guerres et les plus immondes massacres, d’engranger les plus faramineuses richesses et d’obtenir les plus pleins pouvoirs. Mais tout cela n’est pas un mal, parce que ça vient de Lui, avec un L majuscule. Alors il n’y a qu’à laisser courir ; Il doit savoir ce qu’il fait… "Prier Dieu, c'est se flatter qu'avec des paroles, on changera la nature."
                                                    Voltaire, 1694-1778.
 
 
   …Voilà, c’était la dernière citation, le dernier argument d’autorité. Bien sûr ici il n’y a pas de prof de français. Mais c’est vous qui y serez assimilés. Vous pouvez noter cet article, et nous laisser vos commentaires, et j’espère qu’avec tous mes efforts je les aurai tous, mes points. Et par-dessus tout, j’espère que vous aurez compris qu’ici il n’était porté de jugement que sur les préjugés et les dérives de la religion, sur les absurdités qui conduisent aux intolérances et à bien pire. Evidemment, vous êtes libres de croire. A ce que vous voulez, l’objet en soi étant à mon sens fondamentalement moins important que la foi. Si cette foi vous aide, vous console ou vous donne de la force, alors elle est une bonne chose, car, après tout…
 
"Dieu est tellement parfait qu'il n'a pas besoin d'exister."
                                                                                                                                   
                                                                                                        Robert Nozick, 1938-2002.
 
 
                                                                                                                              Serguian
 

Et vous, que croyez-vous ?



 
A vous la plume ! 




 

 
(Le 11/01/2015)

...A Guillaume Tessereau ; je fais comme je peux mon pote, avec ce que j'ai...
 
 
Losing it…
 
 
   A l’instant où j’écris ces lignes, il ne pleut pas. Il ne neige pas non plus, ne grêle pas et, si comme de coutume le soleil ne brille pas par sa présence, il ne fait pas très froid non plus. Sur la playlist YouTube de mon ordinateur, Black Swan, de Tchaïkovski, a succédé à Verdi. Les notes montent, puissantes, cuivrées, belles parce que passionnées… Et  puis s’éteignent en décroissant. C’est au tour de Don Giovanni, à présent, et alors que le ténor entame son morceau je ne puis m’empêcher de me demander quel temps, quelle musique, se présente à votre fenêtre, ou résonne à vos oreilles, à vous, garçons ou filles, jeunes ou vieux, amis ou inconnus qui lirez ces lignes, demain ou dans dix ans, lorsque moi-même les aurai oubliées, ainsi que l’absence de pluie ou les notes de Don Giovanni de cette soirée.

   Il ne pleut pas, donc. Chez certains d’entre vous, il pleut, neige, grêle même peut-être, à l’instant où vous lisez, donc, ces lignes. Et demain, il en sera autrement. Et dans dix ans encore autrement. Parce que le temps passe et nous dépasse, file et défile, vole et s’envole loin de nous, et à jamais. Et comme l’a écrit Douglas Kennedy dans l’un de ses romans dont le titre m’échappe au son de la voix du ténor italien, « la vie a ceci d’incroyable : elle continue. Toujours. ». Du moins, c’est à peu près ça, il me semble. Cela n’est pas forcément vrai pour vous ou pour moi, mais il est en revanche irréfutable qu’aujourd’hui et pour longtemps encore, au moins en ce bas monde, quelqu’un ou même quelque chose a vécu, vit et/ou vivra. Posez votre main sur votre poitrine, sous la cage thoracique, légèrement à gauche, là où bat votre cœur. On peut être au plus mal, souffrir de faim ou d’un cancer, de dépression ou d’ennui, des plus tordants remords ou des pires regrets, on est vivant. On peut penser à en finir, que tout serait préférable à la situation actuelle, on est vivant. C’est déjà quelque chose, et donc par définition forcément mieux que rien. Il n’y a nul soulagement dans le néant, nulle conscience. Nulle amélioration. J’ai ce soir une pensée pour ceux qui sont pris quelque part en otage, cloués dans un lit d’hôpital autre part, ou qui ont perdu un proche n’importe où et n’importe quand. Vous êtes vivants. Vous êtes la combinaison d’une infinité d’évènements cosmiques et biologiques, vous êtes la seule chance sur des milliards qu’il y avait que vous existiez, et il n’y a que ça d’absolu. Votre vie est la seule chose que vous ayez vraiment, elle est la chose la plus précieuse et la plus respectable du monde ; mieux : elle est la seule chose CONSIDERABLE au monde. Battez-vous. Levez les gants, encaissez les coups pour mieux apprécier ceux que vous donnerez, aussi rares soient-ils, et battez-vous. En sachant, bien sûr, que vous ne gagnerez pas. Quand le gong final retentira, peu importe combien de rounds vous aurez disputés, vous aurez perdu. Alors seulement baissez les poings. Pas avant. Parce que ça en vaut la peine, parce qu’il n’y a rien d’autre. La vie est un match de boxe.

   Il ne pleut pas, toujours pas. C’est Rigoletto que j’entends, à présent. Et vous ? …Musique italienne ? Celte ? …Rap, rock, reggae ? On peut croire que toutes les musiques ne se valent pas, on peut croire que tous les PEUPLES, que toutes les civilisations ne se valent pas. On peut même croire que certains ne sont bons qu’à telle ou telle tâche, qu’il y a une différence fondamentale entre les sexes et entre les races, que « les jeunes de maintenant c’est plus ce que c’était », ou que les handicapés coûtent trop cher à la société. On peut. On peut être rugbyman et dénigrer les footballeurs, on peut être catholique et se méfier des musulmans. On peut penser que les éoliennes gâchent le paysage et que le libéralisme c’est la liberté. On peut. Vos idéaux ne sont bien plus valables que ceux d’un autre qu’à vos yeux à vous, et c’est votre subjectivité qui les rend légitimes. Et vous pouvez vous battre pour eux. Vous le pouvez. J’écrirais même, ce soir d’absence de pluie et d’opéra italien : vous le devez. Battez-vous pour que ce que vous estimez injuste disparaisse. Battez-vous, et, je l’espère de toute ma subjectivité illégitime, un jour l’anti-racisme, l’égalité et la justice triompheront. Un jour peut-être tous les humains de cette planète, russes ou américains, musulmans ou juifs, capitalistes ou communistes, seront frères. Et même si ce jour ne devait jamais arriver, même s'il s'avérait que le pouvoir sera toujours l’or, que l’Humanité est corrompue et que rien ne changera jamais, eh bien battez-vous quand même contre ce que vous ne pouvez pas accepter. Ca n’est pas parce que ça ne sert à rien qu’il ne faut pas le faire. « Les héros n’acceptent pas le monde tel qu’il est ». Attrapez les horreurs de ce monde à bras le corps et agrippez-les jusqu’à ce qu’elles vous écrasent. La vie est une lutte.

   Il ne pleut pas. Et avant de conclure sous l’emprise de Wagner, j’aimerais remercier tous ceux qui lisent ceci. On peut penser que plus vaste sera le monde et plus il y aura de bonheur à s’y partager, on peut penser qu’il existe un Dieu -ou plusieurs-, ou des martiens -ou un seul… On peut être pirate, escroc de haut vol, agent secret ou super héros, par l’écriture, et par la lecture. Elles peuvent nous permettre d’arrêter, pour un temps, de nous battre, ou au contraire de brandir un glaive dans le sable de l’arène, cerné par la foule en délire, dans le plus grand des fantasmes allégoriques. Car la vie est un combat de gladiateurs. Et ça n’est pas parce que ça n’est pas réel que ça n’existe pas. Alors voilà, dans maintenant quelques secondes, vous aurez fini de lire cet article, tout comme moi j’aurai terminé de l’écrire. Dans quelques secondes, la parenthèse achevée, vous retournerez à la vie, la vraie. Vous pourrez ramasser vos armes, faire face à cet adversaire invaincu et invincible, et entendre autour de vous les clameurs des milliers de spectateurs avides, déceler la poussière et la sueur, entendre la musique, celle que vous choisirez, s’élever, et sentir la première goutte de pluie heurter votre front lorsqu’il se mettra enfin à pleuvoir. …Je viens de me souvenir du titre du bouquin de Kennedy. C’est Losing it. …Alors Prêts ?
   
   …Commencez !
                                                                                                                             Serguian



(Illustration : Malorn)




 

Quand les gladiateurs s'en remettent finalement au jugement de la plèbe...




A vous la plume ! 




 
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